Relecture : faire appel à un pro ou faire relire à ta grand-mère
- Christophe
- il y a 1 jour
- 7 min de lecture
Quand t’as enfin mis le point final à ton manuscrit, tu crois que le plus dur est fait. Mais ce qui t’attend ensuite, c’est la relecture. Et contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas un simple “coup d’œil”. C’est un vrai travail, parfois plus long que l’écriture elle-même. Et surtout, c’est ce qui va faire la différence entre un livre pro… et un truc qui pique les yeux.
Alors tu fais quoi ?
Tu demandes à ta grand-mère ?
Tu payes un pro ?
Tu relis tout seul dans ton coin ?
Voici ce qu’il faut vraiment savoir avant d’appuyer sur “publier”.

L’auto-relecture : fausse bonne idée ou vrai passage obligé ?
Personne ne peut y couper. Même si tu fais appel à un pro, il faudra déjà passer une première couche tout seul. Et là, deux options : relire comme un touriste fatigué, ou relire comme un auteur qui veut bien faire.
Voici quelques vraies méthodes qui peuvent t’éviter pas mal de déconvenues :
Imprime ton texte : sur écran, on lit trop vite. Sur papier, on repère mieux les fautes, les répétitions, et les phrases bancales.
Lis à voix haute : et pas dans ta tête. Lis ton texte comme si tu faisais une lecture publique… ou mieux, lis-le à ton chat, ton chien ou ton hamster. Ils ne jugeront pas. Mais toi, tu vas entendre tous les trucs qui sonnent faux.
Change de police et de mise en page : ça te donne l’impression de lire un texte neuf, et ça aide ton cerveau à repérer ce qu’il n’a pas vu avant.
Fais des pauses : laisse ton manuscrit reposer quelques jours, voire une semaine. Revenir avec un œil frais change tout.
Utilise les outils (mais avec discernement) : Antidote, Scribens (gratuit), LanguageTool… ça peut aider, mais aucun ne remplacera un vrai humain.
La relecture par ton entourage, oui, mais…
Demander à quelqu’un qu’on connaît, c’est tentant. C’est gratuit. C’est rassurant. Et parfois, ça peut t’éclairer sur des points que tu ne voyais pas.
Mais :
Ton entourage n’est pas formé pour repérer les erreurs grammaticales ou syntaxiques.
Il y a un biais affectif : on ne veut pas te vexer.
Parfois, ils lisent… mais ne relisent pas. Ils parcourent. Et te disent “j’ai adoré”, même si le chapitre 9 n’a ni queue ni tête.
Bref, pour avoir un avis sincère et utile, il faut cadrer les choses. Tu peux leur demander précisément ce que tu attends : Est-ce que ça se lit bien ? Tu as compris l’intrigue ? Tu as repéré des fautes ? Des incohérences ?
Mais n’en attends pas une relecture technique. Ce n’est pas leur rôle.
Les bêta-testeurs
Un bêta-lecteur c'est un lecteur-témoin. Quelqu’un qui lit ton manuscrit avant sa publication pour te dire comment il est perçu du point de vue du lecteur lambda. Son rôle, ce n’est pas de traquer les fautes (même si certains le font quand même), mais de t’aider à savoir si ton texte tient debout, s’il est agréable à lire, cohérent, compréhensible et accrocheur.
C’est un regard extérieur, honnête (quand on tombe sur les bons), souvent bienveillant, qui t’aide à corriger ce que toi, l’auteur, tu ne vois plus parce que tu as le nez dedans depuis trop longtemps.
Ce qu’un bon bêta-lecteur peut t’apporter
Il ou elle peut repérer des incohérences dans l’intrigue (le personnage avait les yeux verts au chapitre 2, mais ils sont devenus bleus au chapitre 10).
Il ou elle te dira si le rythme est bon, si l’on s’ennuie à certains moments, ou si l’intrigue est trop rapide.
Il ou elle pointera les personnages mal construits, ou ceux auxquels on ne s’attache pas.
Il ou elle te fera remonter les passages confus, les dialogues peu naturels, ou les transitions mal gérées.
Il ou elle te dira aussi ce qui fonctionne bien : les scènes qui touchent, les retournements de situation efficaces, les personnages qu’on adore détester.
Un bêta-lecteur ne remplace pas un correcteur professionnel. Il ou elle ne va pas faire une chasse complète aux fautes, ni vérifier ta syntaxe mot par mot. Il ne va pas non plus tout savoir sur les codes narratifs, la ponctuation typographique ou les accords du participe passé. Ce n’est pas son rôle.
Mais son avis de lecteur est précieux. Car c’est pour eux, les lecteurs, que tu publies.
Groupes Facebook de bêta-lecteurs en France
Si vous cherchez des bêta-lecteurs pour obtenir des retours sur votre manuscrit, plusieurs groupes Facebook francophones sont dédiés à cette activité :
Bêta lecteurs, complices des auteur(e)s : un groupe visant à aider les auteurs à trouver des bêta-lecteurs de confiance pour l'avancement de leur projet Lien vers le groupe.
Bêta-lecteurs et Bêta-lectrices : ce groupe a pour vocation de mettre en relation des auteurs et des bêta-lecteurs et lectrices, c'est-à-dire des personnes qui lisent un manuscrit pour en faire une critique constructive Lien vers le groupe.
Bêta-lecteurs et correcteurs au service des auteurs : groupe pour mettre en relation les auteurs avec des bêta-lecteurs et des correcteurs professionnels Lien vers le groupe.
Le Bêta-lecteur : ce groupe a pour objectif de mettre en relation des écrivains, de leur permettre de discuter sur leurs différents livres et de partager leurs expériences Lien vers le groupe.
Quelques conseils pour bien travailler avec un bêta-lecteur
Sois clair dès le départ sur ce que tu attends. Tu veux un retour global ou détaillé ? Un simple avis ou une lecture avec prise de notes ?
Donne un manuscrit propre (relis-le une première fois, vérifie les bases).
Précise les délais, sans mettre la pression. Un bêta-lecteur n’est pas ton employé.
Remercie-le sincèrement. C’est du temps offert gratuitement, ou presque.
Et surtout ne prends pas mal les retours. Tu peux ne pas être d’accord avec tout, mais si plusieurs lecteurs te disent qu’ils se sont perdus à la même scène… c’est qu’il y a quelque chose à revoir.
La relecture pro, pour qui, quand, et comment ?
Faire appel à un pro, ce n’est pas réservé aux grandes maisons d’édition. Toi aussi, en tant qu’auteur autoédité, tu peux et tu dois y penser. Pas forcément pour chaque projet, mais au moins pour ceux qui comptent.
Il existe plusieurs niveaux de relecture :
La correction orthographique de base : fautes, grammaire, ponctuation. Le minimum syndical.
La relecture stylistique : reformulation, fluidité, rythme.
La bêta-lecture professionnelle : remarques de fond, cohérence de l’intrigue, construction des personnages, etc.
Tu peux tout faire, ou cibler ce dont tu as besoin. Les tarifs varient selon le type de prestation, la longueur de ton manuscrit et l’expérience du ou de la correcteur·rice. Demande toujours un devis, et vérifie les références avant de confier ton texte à quelqu’un.
Combien ça coûte vraiment ?
Après ma première expèrience de "Fautes de frappe", pour mon second petit roman de 180 pages (environ 215 000 caractères), j’ai fait appel à un relecteur professionnelle. Le tarif appliqué était de 0,003 € par caractère, soit un total de 645,59 € hors taxe, pour une correction complète.
Et là, tu vois tout de suite que ce n’est pas un détail dans ton budget d’autoédition. Mais tu vois aussi ce que ça représente : un texte nettoyé, pro, qui ne donne pas envie au lecteur de fuir à la première faute.

Où trouver un relecteur professionnel ?
Plusieurs plateformes et sites proposent des services de relecture et de correction professionnelle :
Scribinfo : propose des services de correction orthographique, grammaticale et typographique. Par exemple, la correction d'un manuscrit de 300 000 caractères (environ 170 pages A4) est estimée à 293 € TTC .
La Clé du Livre : propose des services de correction, relecture et révision selon la charte de correction, avec des tarifs tels que 6 € les 1000 caractères hors espaces .
Édith & Nous : offre un service de relecture et de correction par des professionnels issus des plus prestigieuses maisons d'édition, avec des tarifs à partir de 460 € .
Ou sur Linkedin...
Petit rappel utile
La relecture c’est l’occasion de faire un tri. De raccourcir les longueurs. De virer les redites. De repérer les incohérences (“Attends, son frère était mort au chapitre 4, pourquoi il revient au chapitre 8 ?”). De vérifier les transitions. Les changements de ton. Les phrases qui veulent tout dire sauf ce qu’elles disent.
Et c’est souvent là que tu vois si ton livre tient debout… ou si tu as juste mis bout à bout des trucs qui te paraissaient bien sur le moment.
Entre mamie et pro, il y a toi
Ta grand-mère, ton meilleur pote ou ton chat sont de très bons soutiens moraux. Mais ton manuscrit a besoin d’un regard rigoureux. Le tien, d’abord. Puis, si tu le peux, celui d’un pro. Et si tu ne peux pas encore, fais au mieux. Prends ton temps. Lis à voix haute. Imprime. Relis en plusieurs fois. Et n’oublie pas : chaque faute évitée, c’est un lecteur qui continue sa lecture… au lieu de te coller une étoile et demie en râlant sur ton orthographe.
A retenir
Tu ne vois pas tes propres fautes. Ton cerveau te relit ce que tu voulais écrire, pas ce que tu as écrit.
Lire à voix haute change tout. Tu entends les lourdeurs, les phrases bancales et les répétitions.
Ton entourage ne remplace pas un pro. Même bienveillant, ton entourage n’a pas forcément les compétences ou l’objectivité.
Un pro, c’est un budget. Compte entre 400 et 1000 € pour un roman complet. Mais c’est un vrai investissement, pas un luxe.
Un pro corrige sans affect. Il ne te dira pas "c’est super" si ton chapitre 6 est vide.
Un bêta-lecteur donne un avis de lecteur, pas de correcteur. Il te dit ce qu’il ressent en lisant. Pas où il faut une virgule.
Utiliser Antidote ou Scribens ne suffit pas. Les outils automatiques sont utiles, mais ils ne comprennent pas le style, l’intention, ni le contexte.
Changer de police ou imprimer aide à repérer les erreurs. Ça perturbe tes habitudes visuelles et te fait voir ce que tu ne voyais plus.
Fais une pause entre l’écriture et la relecture. Reviens avec un œil neuf. Sinon, tu liras en mode automatique.
Relecture ≠ Correction. La relecture détecte les incohérences, le rythme, le ton. La correction, elle, s’occupe des fautes.
Une bonne relecture peut sauver ton livre. Même une super histoire peut être sabotée par des fautes ou un style bancal.
Ce n’est pas une étape à bâcler. Les lecteurs pardonnent beaucoup de choses… sauf un texte mal foutu.
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